Sao Paulo
A – J’me sens seul.
B – Arrête de t’inquiéter tout sera bientôt terminé. Tu n’es pas seul, je t’entend moi, je t’écoute, je te parle, je pense à toi.
A – Mais t’es pas là. Je me fou que tu m’entende, j’veux que tu me vois.
C – Bonsoir. J’entends des voix, ça me rend heureuse. Je vous ai entendu, moi aussi je me sens seule.
B – C’est assez perturbant ce contraste vous ne trouvez-pas ? Regardez devant vous. Cette immeuble, comme il est grand, lumineux, et loin d’être vide. Je suis sur que le notre ressemble à celui-ci aussi. Nous trois, chacun à sa fenêtre, à fixer le bâtiment voisin.
Une silhouette apparaît au loin
C – Regardez, cette chambre à la luminosité violette ! Il y a comme une ombre qui vient d’apparaître.
A – En plus d’être seul, maintenant j’ai peur.
B – Peur ? Mais de quoi voyons ?
C – Il a raison. Cette aspect rigide de cette personne me donne aussi un sentiment de compression.
A – J’ai la nausée.
B – Je vois. C’est comme si cette silhouette représentait ce que nous vivons aujourd’hui. L’enfermement. Le vide.
Soudain, un cheval sans cavalier traverse la scène.
Et disparaît.
A – Ça y est j’ai des hallucinations.
C – Non. Je t’assure, j’ai vu un cheval galopé dans notre rue. Gambadé avec un élan de lucidité pure.
A – Plus rien me choque.
B – On a devant nous, le contraire de ce que nous venons de voir précédemment : la représentation de la liberté. Lui aussi est seul, mais il est libre. Et quand nous l’étions aussi, lui ne l’était pas.
C – Comment fais-tu pour en déduire des significations tout en restant dans le plus grand des calme ?
B – En réalité. C’est autour de moi qui fait calme, je suis plongé dans un vacarme ennuyeux. Et aujourd’hui je cherche les signes de ce qui se passe.
[Monologue de Thomas]
La silhouette – J’ai peur. J’ai beau regarder par la fenêtre pour voir la vie, je ne vois rien. Non pas rien. Je vois des femmes, des hommes et des enfants, chacun dans la case de leur fenêtre. Je vois leur vie se couper des autres. Ce n’est pas la vie. Ma vie. Une vie de rencontre, d’événement et d’action. J’ai emménagé ici pour vivre et je ressens juste de l’empêchement. Parfois ils discutent de balcon à balcon. Parfois ils me voient, parfois ils me fixent. mais ils préfèrent discuter sans m’adresser la parole. Je suis de l’autre côté de la route. Qui veut parler à une personne de l’autre côté de la route. Apparemment eux, ils ne le veulent pas. Même un cheval dans la rue les intéressent plus. Je passe mes journées dans le noir car ma lumière est violette. Je me lave plus car personne ne veut me voir. Mon occupation est de connaître la vie des autres. En face de moi, c’est l’appartement d’Elena. Je suis tombé bien bas.