Le dire

Le dire

Je l’ai dit. Je l’avais dit auparavant. Mais à force qu’on m’écrase cette phrase a ma gueule; à force de le dire mais de ne pas être prise au sérieux aux fils du temps; à force de l’avoir dit à l’un puis à l’autre des années suivantes; à force de l’avoir même entendu mainte et mainte fois pour finir dans un souvenir, à force. À force elle s’est bloquée dans ma gorge, ces mots ne sortaient plus, une peur envahissait la simple possibilité de dire ces lettres à voix haute, encore une fois. Sentiment de peur, de culpabilité, de dégoût, j’ai fini par croire que je serais incapable de le redire avec autant de sûreté. Je n’aurais jamais cru le dire dans des situations pareils. En fait ces situations m’auraient naturellement fait fuir. Elles m’auraient fait tout le contraire. Et pourtant. Je ne te mens pas que j’ai peur, presque plus peur qu’avant de l’avoir dit, mais quelque chose de dérangeant est sorti de mon corps en même temps, j’ai soufflé. Oui. J’ai soufflé. Parce que ce sentiment ne doit pas être mis dans un recoin de l’esprit, ne doit pas être casé dans ce qui est mal, il doit être entendu, il doit vivre dans l’air et la vie. C’est un risque. Le risque de retomber une fois encore. Mais c’est un risque à prendre. J’ai tout arrêté, et je ne parle pas simplement de mon travail, de mon appartement, de ma passion, ou même de mes relations, mais je parle aussi de ce qui se passe à l’intérieur de moi. Je pleure. C’est fabuleux. Je n’ai pas autant pleuré depuis des années. Alors on pense que c’est mal. Mais je ressens. Et finalement c’est cela qui est fabuleux : ressentir. Je ressens et ça sort. Je ressens de la tristesse, de la colère, de la culpabilité, de la peur, et je pleure. Car je ressens de l’amour.

Maintenant mon amour, rions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.