CE LIEU
J’ai pensé à une musique ; Mountains de Thylacine ; Accélération et monté en volume. J’ai pensé à un plongeon, le saut dans une nouvelle aventure. J’ai pensé au frison démoniaque que mon corps a senti lors d’un réveil inattendu. J’ai pensé à l’odeur que procure l’angoisse mêlé à l’adrénaline de l’inconnu. J’ai pensé à cette télé-réalité qui te piège dans quelque chose d’irréelle mais qui dégage étrangement un effet concret sur toi-même. J’ai pensé à cette envie inexplicable de café noir sucré, ou de tant à autre dilué de lait d’amande. J’ai pensé à ce pull violet qui avait tendance à boulocher. J’ai pensé au rire d’amis au moment d’un festival de musique, quand tu t’évades, ignorant le futur. J’ai pensé à cet autre festival entouré d’individu débordant de faux rire absorbé de substances t’empêchant de comprendre l’intensité des choses. J’ai pensé à une balade à vélo, le dimanche matin à Arcachon, insouciant. J’ai pensé à cette séparation entre le dedans et le dehors. J’ai pensé à ce train interminable. J’ai pensé à ce train voulu. J’ai pensé à cette musique dont je ne dirais pas le titre, écouter en toute circonstance. J’ai pensé alors à ce plaisir de partager un moment dont on n’oubliera jamais. J’ai pensé à ce feu s’enflammant, lumineux comme la lune et brulant comme le soleil. J’ai pensé et je me suis vu courir, courir, courir, courir, courir… et pourtant j’étais toujours : là, dans ce lieu éphémère.